Paris, 8 décembre 2015 (ClimDev-Afrique) : Pour changerle paysage énergétique de l’Afrique, il faut mobiliser des ressources financières, a déclaré mercredi 9 décembre le
Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique des Nations Unies, M. Carlos Lopes, à l’occasion à l’occasion de la journée de l’énergie en Afrique, dans le cadre d’une session parallèle sous le thème : « Changementclimatique et révolution des énergies renouvelables : l’Afrique est-elle prête ? »
Selon Carlos Lopes, « Il faut être bien conscient qu’on ne changera pas le paysage énergétique de l’Afrique par miracle. Mais la manière dont on va mobiliser cet argent est capitale ». Il déclare par ailleurs : « On nous a annoncé 28 milliards d’euros au cours de cette cop pour financer notre industrialisation. Ce n’est pas mal, mais c’est très peu par rapport à nos besoin et à nos prévisions ».
Selon le Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique, il faudra créer 122 millions d’emplois d’ici la prochaine décennie, mais cela ne sera pas possible avec des taux de croissance de 5%. Selon lui, « l’essentiel doit venir de l’Afrique elle-même ». L’Afrique se caractérise aujourd’hui par la pression fiscale la plus faible au monde, il faut maintenant absolument passer par l’industrialisation et la transformation économique, a-t-il ajouté. Carlos Lopes a également indiqué avoir entendu parler de 25 initiatives sur le développement de l’énergie dans les couloirs de la conférence ; des initiatives qui ne serviront à rien, si elles ne sont pas capitalisées.
Selon lui, « l’industrialisation doit être au cœur de lasolution, car nous voulons un processus africain de la solution ».
Pour Carlos Lopes, le débat sur les énergies renouvelables est passionnant : pour la première fois selon lui, l’Afrique n’est pas là pour quémander, mais pour représenter une partie de la solution. « Et sinous faisons partie de la solution, nous devons promouvoir les investissements pour modifier le paysage de notre continent. Nous souhaitons aussi nous industrialiser comme les autres. Et puisque nous sommes les nouveaux venus de l’industrialisation, nous pouvons procéder différemment, en promouvant l’industrialisation verte » a-t-il poursuivi. Il déclare parailleurs : « Nous produisons 160 gigawatts sur notre continent, soit à peu près la moitié de la production d’électricité au Japon, un pays dont la population s’élève à 10% de la population de l’Afrique. Le Japon a 20 fois plus d’électricité à sa disposition que nous, mais il a emprunté de l’argent pour investir ».
Le Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique s’est par ailleurs souvenu de la Conférence de Copenhague sur le Climat (COP15), où il avait essentiellement été question pour l’Afrique de limiter la croissance. Or aujourd’hui, le débat est complètement différent. Il ne s’agit plus de limiter la croissance, mais de démontrer que l’économie et la lutte contre le changement climatique peuvent aller de concert, à condition de procéder différemment.
« L’Afrique apparaît comme le continent qui représente un potentiel majeur, dans la mesure où il a occupé une niche, jusque-là par défaut : celle de la non-émission. A présent, nous allons l’occuper de manière à atteindre nos objectifs, si nous agissons de la façon la plus adéquate. Si c’est possible sur le plan technologique, alors c’est possible ! », a ajouté Carlos Lopes.
Il souligne enfin que ce type de rencontre permet au moins de remplir deux objectifs : aboutir à un consensus définitif sur un certain nombre de points, et plus important encore : faciliter l’ouverture de nouveaux débats, et échanger sur des sujets qui jusque-là n’ont pas été couverts, comme ils méritaient de l’être ».